Monsieur le président, chers collègues,
Depuis bientôt un an la filière volaille connait une crise sans précédents. En tout, 16 millions de volailles ont été abattues dans le pays (10 millions pour les régions Pays de la Loire et Bretagne).
Si le plus grave semble être derrière nous (un arrêté ministériel du 8 juin lève progressivement les restrictions), la crise a laissé des traces sur notre territoire.
En Loire-Atlantique : une centaine de foyers ont été recensés, notamment dans le Pays de Retz, avec autant d’élevages abattus. Le revenu et les conditions de travail des éleveurs et éleveuses sont directement impactés. Certain.e.s risquent de jeter l’éponge.
L’Etat a débloqué des fonds pour les indemniser. La Région facilite les dispositifs de prêts bancaires. Le Département de Loire-Atlantique participe à l’effort en prenant à sa charge des frais de laboratoire. Bien sûr, nous approuvons ce soutient car l’urgence c’est de soulager le moral et le portefeuille de ces personnes.
Pour autant, la méthode gagnerait à plus de réalisme :
Alors que le virus circule principalement dans des grands élevages qui concentrent des individus plus vulnérables, la mise sous cloche a été appliqué de manière systématique, sans tenir compte des pratiques, et des risques réels de contamination.
Les éleveurs de plein air en ont fait les frais : la claustration totale de leur cheptel a pu faire augmenter la mortalité de 30%, le stress lié à l’enfermement des volailles entrainant une baisse de leur système immunitaire…
Leur cahier des charges est aussi impacté, et ils risquent de perdre la confiance de leur clientèle.
Il nous faut apprendre de cette crise. La prochaine fois, il nous faudra mener une analyse du risque proportionnée, qui permette une adaptation géographique des mesures sanitaires, en fonction du mode de production et de la densité des élevages.
Enfin, les vaccins ne résoudront pas tout, et c’est bien le cœur du système actuel qui doit continuer d’évoluer.
Décimée par l’influenza aviaire, la filière a révélé ses vulnérabilités. C’est la cinquième crise en 6 ans. Le cout pour la société pourrait s’élever à 1,5 MM€.
Dans un monde où ces crises vont se multiplier, nous ne pouvons faire autrement que d’organiser des modes de production plus résilients aux épidémies, mais aussi plus autonomes des importations et marchés extérieurs.