Monsieur le président, chers collègues,
Je crois que la qualité d’une politique s’apprécie d’abord à partir de la considération que l’on veut bien donner à ses priorités. Toujours orphelin de ministre, on ne peut pas dire que le logement soit une préoccupation du Gouvernement.
Pourtant les défis s’empilent :
12 millions de mal logés, et des prix qui explosent dans les villes attractives.
Des espaces de vie de plus en plus exposés aux vagues de chaleur, au bruit et aux pollutions.
Les logements mal conçus contribuent à la mise en tension des ressources naturelles : gros contributeur de GES, consommateur de terres agricoles et de matériaux de construction.
Savez-vous qu’en 3 ans la Chine a consommé autant de béton, donc de sable et d’eau, que les USA sur l’ensemble des 100 dernières années ? Ces ordres de grandeurs sont déments.
L’importation de sable n’est pas la solution : en Indonésie, 25 îles ont déjà disparu du fait de son extraction. La consommation locale non plus : l’extension infinie des carrières entre en conflit avec la nécessaire préservation de nos terres agricoles.
Tout le monde sait la complexité d’arbitrer entre la nécessité de construire 12 000 logements par an et celle de préserver des sols vivants.
Je ne dis pas que c’est simple, l’équation est complexe, je dis qu’il serait temps de se pencher sur la question si on ne veut pas que ça nous retombe dessus.
Les 4 axes présentés par David Martineau ont le mérite de considérer le logement comme un réel levier pour solidifier la cohésion sociale et accélérer la transformation écologique.
Le rapport nous donne des priorités : développer l’offre, renforcer le lien habitat-emploi, densifier de manière adaptée, dynamiser les cœurs de bourgs, engager la transformation écologique du bâti, penser l’autonomie des personnes.
Le Département s’engage pour le logement d’abord qui a été éprouvé par la pratique dans plusieurs pays d’Europe, le logement étant la première action à mettre en place. Quand on a un chez-soi, fixe, on redevient disponible pour régler ses problèmes administratifs, pour renouer avec sa famille et ses amis, pour trouver et exercer un emploi. On évite les pratiques à risque en matière de santé. On évite également les coûts économiques et sociaux du sans-abrisme.
Cela permettra notamment de contribuer à résorber les bidonvilles. Nous allons cofinancer les projets d’habitat modulaire, léger ou transitoire des communes qui s’engagent sur le foncier et le suivi social, comme c’est déjà le cas à Rezé, projets à destination notamment des publics rom, sans domicile fixe, ou des femmes victimes de violence.
A notre modeste niveau, nous essayons de faire bouger la machine, et nous attendons bien plus de mouvement de la part des acteurs privés.
Un dernier point du rapport nous semble particulièrement déterminant. Pendant des décennies nos choix urbanistiques n’ont pas tenu compte de l’éloignement entre domicile, travail et lieux de consommation. Cet axe de travail est immense et nécessitera l’effort de l’intégralité des acteurs.
Nous voterons donc ce plan départemental de l’habitat